Comment vaincre la résistance des maladies infectieuses ?
AVIS D'EXPERTS-Tous les mois dans Le Figaro , des membres de l'Académie des sciences répondent aux grandes questions de l'actualité scientifique. Aujourd'hui, Bernard Meunier, chimiste.
Après la découverte des micro-organismes pathogènes et les recommandations des règles d'hygiène pasteurienne, tout le XXe siècle a été marqué par la lutte contre les maladies infectieuses et la découverte des médicaments capables d'éliminer les bactéries et parasites responsables de dizaines de milliers de morts chaque année dans chacun des pays du globe.
En moins de vingt ans, entre 1935 et 1950, la découverte, puis la production industrielle des antibiotiques, a été l'un des tournants majeurs de la lutte contre ces fléaux au point de nous faire presque oublier, aujourd'hui, leur extrême dangerosité. C'est ainsi que, pour la seule année 1938, la tuberculose a tué plus de 60.000 personnes en France! La construction de sanatoriums sur les versants ensoleillés des moyennes montagnes était un impératif de la politique de santé publique. Qui se souvient des panneaux rappelant l'interdiction de cracher dans les transports en commun pour éviter la contagion par inhalation du redoutable bacille de Koch (Mycobacterium tuberculosis)? Ou des guérisons obtenues par l'association de deux nouveaux antibiotiques, la streptomycine et le Rimifon (l'isoniazide) au début des années 1950?
De nouvelles souches de M. tuberculosis
Mais si, l'aube de ce XXIe siècle, la tuberculose a pratiquement disparu de France, elle reste encore très présente dans de nombreux pays. Les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) nous rappellent que près d'un million et demi de personnes en meurent encore chaque année dans le monde. Cette maladie persiste l où les conditions d'hygiène ne sont pas toujours appliquées ou applicables et où les traitements médicamenteux sont interrompus, faute d'un véritable suivi médical. Résultat: on assiste au fil des ans l'émergence de nouvelles souches de (...)